Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE


aux simples phénomènes. Seule une critique détaillée de la raison pratique peut faire disparaître toute méprise (Missdeutung) et mettre en pleine lumière la manière conséquente de penser (consequente Denkungsart), qui en fait précisément le principal mérite.

Cela suffit à expliquer pourquoi, dans cet ouvrage, les concepts et les principes de la raison pure spéculative, qui ont déjà subi cependant leur critique particulière, sont soumis de nouveau encore à l’examen. Ce procédé ne convient pas bien, dans d’autres cas, à la marche systématique par laquelle on constitue une science (puisque les choses jugées peuvent à bon droit être citées, mais non être mises de nouveau en discussion). Dans le cas présent, cependant, il était permis et même nécessaire, parce que la raison est considérée au moment où elle passe à un emploi de ces concepts, tout différent de celui qu’elle en faisait auparavant. Ce passage rend une comparaison de l’ancien et du nouvel usage nécessaire pour bien distinguer la nouvelle voie (Gleis) de la précédente et faire remarquer en même temps la connexion (Zusammenhang) de l’une et de l’autre. Aussi des considérations de cette espèce, entre autres celles qui ont pour objet, une fois encore, le concept de la liberté dans l’usage pratique de la raison pure, ne doivent-elles pas être considérées comme une parenthèse (Einschiehsel)[1] servant presque unique-

  1. Born dit instar épisodiorum, et Barni comme des épisodes ; Abbot emploie justement le terme interpolation. (F. P.)