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AVANT-PROPOS


DU TRADUCTEUR


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En donnant, cent ans après la première édition de la Critique de la raison pratique, une nouvelle traduction française d’un ouvrage qui a, surtout depuis un demi-siècle, occupé les moralistes, il nous a semblé convenable de rechercher comment s’est introduite en France la philosophie de Kant. C’est une opinion généralement accréditée 1[1] que, seuls avant Cousin et son école, Villers, en 1801, et Mme de Staël en 1813, auxquels on ajoute quelquefois Degérando, avaient tenté de la taire connaître. Une lecture attentive des ouvrages philosophiques qui ont paru de 1789 à 1815, des découvertes heureuses dues au hasard, des écrits inédits gracieusement mis à notre disposition, nous ont fait adopter une opinion diamétralement opposée.


I


Il faut se rappeler d’abord que Strasbourg avant, pendant et après la Révolution, était un centre intellectuel où l’on

  1. 1 Voyez V. Cousin, Philosophie de Kant ; Paul Janet. V. Cousin et son œuvre ; J. Barni, Critique du jugement, avant-propos ; Willm, Histoire de la philosophie allemande depuis Kant jusqu’à Hegel Sainte-Beuve, Portraits contemporains (Fauriel, p. 153 et 172), etc.

KANT, Cr. de la rais. prat. a