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ANALYTIQUE DE LA RAISON PURE PRATIQUE

L’action négative sur le sentiment (du désagréable), est, comme toute influence sur le sentiment et comme tout sentiment en général, pathologique. Comme effet (Wirkung) de la conscience de la loi morale, par conséquent relativement à une cause intelligible, c’est-à-dire au sujet de la raison pure pratique, comme législatrice suprême, ce sentiment d’un sujet raisonnable, affecté par des penchants, s’appelle humiliation (mépris intellectuel), mais relativement au principe positif de cette cause, à la loi, il s’appelle en même temps respect pour la loi. Il n’existe pour cette loi aucun sentiment, mais dans le jugement de la raison, quand la loi écarte une résistance de la route, l’obstacle écarté est estimé à l’égal d’une action (Beförderung)[1] positive de la causalité. C’est pour cela que ce sentiment peut aussi être nommé un sentiment de respect pour la loi morale, c’est pour ces deux raisons réunies qu’il peut être nommé un sentiment moral.

Donc de même que la loi morale est un principe formel de détermination de l’action par la raison pure pratique, de même qu’elle est aussi sans doute un principe matériel mais objectif de détermination des objets de l’action sous le nom du bien et du mal (unter dem Namen des Guten und Bösen), elle est encore un principe subjectif de détermination, c’est-à-dire un mobile[2]

  1. Barni ajoute : présentée comme, qui n’est pas dans 1e texte et qu’il ne nous a pas plus qu’à Born et à Abbot, semblé nécessaire d’ajouter. (F. P.)
  2. Kant distingue nettement ici le Bestimmungsgrund du Triebfeder. Aussi avons-nous toujours traduit le premier par principe de détermination et réservé pour le second l’expression de mobile. Voyez p. 31, 38, 45, 54. (F. P.)