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de l'empire de l'esprit. 471

se faire inscrire parmi les malades. Car, puisque l'impuissance empêche en même temps l'usage, par conséquent l'abus et l'épuisement des forces de la vie,—et qu'alors on avoue ne vivre que comme à un degré inférieur (comme un végétal), c'est-à-dire pouvoir manger, boire et dormir seulement, ce qui suffit pour constituer l'état de santé dans l'existence animale, mais ce qui s'appelle être invalide ou malade pour l'existence civile (qui oblige à des devoirs publics), — ce candidat de la mort ne se contredit pas du tout là-dessus.

L'art de prolonger la vie humaine conduit là : qu'enfin Ton n'a souffert que de telle façon parmi les vivants; ce qui n'est certainement pas la position la plus divertissante (1). Mais je pèche moi-même en cela. Car pourquoi ne veux-je pas faire place au monde nouveau qui s'efforce d'arriver, et me retranché-je les jouissances habituelles de la vie pour continuer de vivre? Pourquoi traîner une vie débile, d'une longueur extraordinaire, à travers les privations? Pourquoi occasionner par mon exemple le désordre dans les registres mortuaires, où cependant se compte la durée probable de la vie de ceux qui sont plus faibles naturellement? Pourquoi vouloir faire dépendre d'une ferme volonté tout ce qu'on appelait autrefois le destin (auquel on se soumettait humblement et dévotement), volonté dans laquelle cependant on ne trouve pas facilement une règle d'une diététique générale suivant laquelle là raison puisse exercer une puissance curative immédiate , et qui supplante jamais les formules thérapeutiques des officines ?

(1) V. note finale huitième.