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46S APPENDICES.

puis près d'un an ces attaques spasmodiques et une irritation très sensible de cette espèce (quoiqu'elle ne produisit pas de mouvements réels visibles des membres, comme dans les spasmes) que j'aurais pu, suivant certaines descriptions, regarder comme des affections goutteuses, et pour lesquelles j'aurais dû appeler un médecin. Mais alors, impatient de ne pouvoir dormir, je recourus aussitôt à mon remède stoique, d'entretenir sévèrement ma pensée d'un objet que je choisissais à volonté, quel qu'il fût; par exemple, je la fixais sur une des nombreuses idées accessoires qui s'attachent au nom de Cicéron, et de détourner par conséquent mon attention de cette sensation ; par ce moyen la sensation s'émoussait promptement, en sorte que l'assoupissement prenait le dessus. Je puis toujours, quand des attaques réitérées de ce genre ont lieu dans les petites intermittences du sommeil de la nuit, obtenir avec la même facilité le même résultat. Mais la rougeur ardente des orteils du pied gauche me prouvait bien le lendemain matin qup la douleur n'était pas imaginaire. — Je suis certain que beaucoup d'accidents goutteux, si la privation des plaisirs ne suffit pas pour en guérir; que les spasmes et même les

force dans l'usage de ses membres extérieurs, de croire que la force ou la faiblesse d'une des deux parties du corps doit dépendre uniquement de l'exercice qu'on leur a donné, et de la manière dont on a pris l'habitude de le faire dès sa jeunesse, comme si, dans le combat, on se sert de la main droite ou de la gauche pour manier le sabre; ou bien si un cavalier s'appuie sur l'un ou l'autre étrier pour tourner son cheval à droite ou à gauche, etc. Mais l'expérience apprend que celui qui se fait prendre mesure de souliers sur le pied gauche trouve celui du pied droit trop étroit, si le gauche est juste', sans que l'on puisse en attribuer la faute aux parents, qui ne pouvaient mieux élever leurs enfants. De même l'avantage du côté droit sur le gauche se remarque ert ce que celui qui veut descendre dans un creux profond, pose d'abord le pied gauche et avance avec le droit; sinon, il court risque de se précipiter. De ce que l'infanterie prussienne est exercée à ouvrir la marche avec le pied gauche, ce n'est pas une raison de douter de la vérité de mon assertion; au contraire , car elle pose d'abord le pied gauche pour s'en servir comme d'un hypomochlion,afin de prendre par le côté droit l'élan de l'attaque et l'exécuter de droite à gauche.