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de l'empire de l'esprit. 480

se demande aussitôt si elles ont un objet certain. N'en trouve-t-il aucun qu'il puisse considérer comme la cause de cette affection, ou s'aperçoit-il que, dans le cas même où sa peine a un objet réel, il n'y a cependant rien à faire pour la détourner : alors il passe à l'ordre du jour, d'après cette sentence de son sens intime, c'est-à-dire qu'il laisse son affection (qui est alors simplement topique), siéger à sa place (comme si elle ne le touchait pas), et applique son attention aux affaires dont il doit s'occuper.

Ma poitrine faible et étroite, qui permet peu de jeu aux mouvements du cœur et des poumons, m'avait donné pour l'hypocondrie une prédisposition naturelle, qui, dans ma jeunesse, allait jusqu'au dégoût de la vie. Mais la réflexion que la cause de mes saisissements de cœur était peut-être purement mécanique et irrémédiable prit bientôt le dessus, au point que je n'y fis plus attention, et que, pendant que je me sentais de l'agitation dans la poitrine, le repos et la sérénité régnaient dans ma tête. — Cette bonne humeur, je la faisais toujours partager à dessein et naturellement à ceux avec lesquels je me trouvais, et non suivant la versatilité du caprice (comme il arrive d'ordinaire chez les hypocondriaques).Et,comme on goûte plus la vie par la liberté même de l'usage qu'on en fait que parce qu'on en jouit, les travaux de Tesprit peavent par conséquent donner des sentiments de la vie d'une espèce particulière en opposition aux entraves du corps. L'oppression m'est restée, car la cause en est dans ma structure corporelle; mais je suis devenu maître de son influence sur mes pensées et mes actions, en •détournant mon attention de ce sentiment, comme s'il ne m'affectait pas tra tout ·(!). â° Du Sommeil. €e que les Turcs disent de la tentpiérance, d'après leurs ^ritocipes sur la prédestination, « que la portion que chaque

(1) V. note finale cinquième.