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l'âme soutient avec les organes du cerveau (qui fait partie des sens externes), par conséquent de faire concevoir le siège de Tàme, comme sa présence locale; ce qui est une question du ressort de la métaphysique, question que non seulement elle ne peut résoudre, mais qui de plus implique contradiction. — En effet, si je dois rendre visible quelque part dans l'espace le lieu de mon âme, c'est-à-dire de mon moi absolu, il faut alors que je me perçoive moi-même par le sens à l'aide duquel je perçois la matière qui m'environne immédiatement. C'est ainsi que, lorsque je veux déterminer le lieu que j'occupe comme homme dans le monde, je suis dans la nécessité de considérer mon corps par rapport avec d'autres corps qui sont hors de moi. — Or, l'âme ne peut se percevoir que par le sens intime, et ne peut percevoir le corps (intérieurement ou extérieurement) que par des sens externes. Elle ne peut donc se déterminer absolument aucun lieu, parce qu'elle devrait, à cet effet, avoir pour objet de sa propre intuition externe elle-même, ce qui répugne. — La solution demandée, par conséquent la question du siège de l'âme, qui est adressée à la métaphysique, conduit à une quantité impossible (1/^2), et l'on peut rappeler, à celui qui l'entreprend, ces mots de Térence : Nihilo plus agas quam si des operam ut eum raUone insanias. On ne peut cependant reprocher au physiologiste, auquel il suffit ^ d'avoir poursuivi la présence purement dynamique jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la présence immédiate, d'avoir demandé au métaphysicien de remplir le vide existant.