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sens négatif, puisqu’elle trace avec certitude les limites de notre connaissance, et nous persuade que les différents phénomènes de la vie sont dans la nature, et que leurs lois sont tout ce qu’il nous est permis de connaître, mais que le principe de cette vie, c’est-à-dire la nature spirituelle, qu’on ne connaît pas, mais que l’on conjecture, ne peut jamais être positivement conçu, parce qu’il n’y a pas de données à cet effet dans nos sensations, et qu’on es tobligé de se contenter de négations pour concevoir quelque chose de très différent de tout ce qui est sensible, mais que la possibilité de ces négations ne repose ni sur l’expérience ni sur des raisonnements, qu’elle a pour base une fiction à laquelle se rend une raison dépourvue de tous moyens de secours. À ce compte, la pneumatologie des hommes peut être appelée une notion théorique de leur ignorance nécessaire par rapport à une espèce d’êtres présumés, et comme telle être facilement adéquate à la question.

J’abandonne donc toute la matière des esprits, partie considérable de la métaphysique, comme faite et achevée. Je ne m’en occuperai plus désormais. Resserrant ainsi le champ de mes recherches futures, et me dégageant tout à fait de certaines questions complètement oiseuses, j’espère aussi pouvoir appliquer avec plus de fruit mes faibles facultés intellectuelles à d’autres objets. C’est en vain que souvent on veut étendre la modeste mesure de ses forces à des desseins chimériques ; la raison fait un devoir, dans ce cas comme dins d’autres, de proportionner l’étendue des plans aux moyens d’exécution, et, quand on ne peut facilement atteindre le grand, de se borner au médiocre.