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Peut-être est-il possible d’en dire autant des impressions du son, parce que les impulsions s’effectuent également en ligne droite, et d’admettre que la sensation est alors accompagnée de la représentation d’un focus imaginarius, au point où se coupent les lignes droites du système nerveux, mis en mouvement dans le cerveau par une impression extérieure. En effet, on remarque en quelque sorte la région et l’éloignement d’un objet sonore, quoique le son soit faible et nous arrive par derrière, bien que les lignes droites qui peuvent être tirées de là, ne frappent presque pas l’ouverture de l’oreille, et qu’elles tombent sur d’autres endroits de la tête ; ce qui fait croire que les lignes droites, suivant lesquelles s’opère de là l’ébranlement, sont produites extérieurement dans la représentation de l’âme, et que le corps sonore est comme transporté au point de leur concours. Il doit en être de même, ce me semble, pour les trois autres sens, qui se distinguent de la vue et de l’ouie en ce que l’objet de la sensation est en rapport immédiat avec les organes, et qu’en conséquence les lignes qui expriment l’excitation sensible ont dans ces organes mêmes leur point de réunion.

Pour faire l’application de cette théorie aux images de la fantaisie, qu’il me soit permis de mettre en principe ce qu’admettait Descartes et que la plupart des philosophes ont admis après lui, à savoir que toutes les représentations de l’imagination sont en même temps accompagnées de certains mouvements dans le tissu ou l’esprit nerveux du cerveau, qu’on appelle ideas materiales, c’est-à-dire peut-être de l’ébranlement ou de l’oscillation de l’élément subtil qui s’en distingue, et qui ressemble au mouvement que peut faire l’impression