Page:Kant - Anthropologie.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée

CARACTÈRE DU PEUPLE. 317

nemi des nouveautés et de la résistance à l'ordre établi. Son caractère est un flegme mêlé d'intelligence, • sans être porté à raisonner sur un ordre de choses actuel, et sans en chercher un autre ; ce qui en fait précisément l'homme de tous les pays et de tous les climats. Aussi s'expatrie-t-il facilement et n'a-t-il pas d'attachement passionné pour son pays. S'il va en pays étranger pour s'y fixer, il ne tarde pas à former avec ses compatriotes une espèce de société civile, qui devient un peuple n'ayant qu'une langue, et en partie qu'une croyance, et qui se distingue de l'établissement des autres peuples soumis à l'autorité supérieure pour une constitution d'ailleurs tranquille et morale, par l'application, la propreté et l'économie. — Tels sont les éloges donnés par les Anglais eux-mêmes aux Allemands de l'Amérique septentrionale. Si le flegme (pris en bonne part) est le tempérament de la froide réflexion, de la "patience à supporter les difficultés inséparables du succès, on peut attendre autant du talent attaché à la justesse de son entendement, de sa raison profondément réfléchie, que de tout autre peuple capable de la plus grande culture, excepté en ce qui regarde l'esprit et le goût des arts, en quoi peut-être il pourrait se trouver inférieur aux Français, aux Anglais et aux Italiens. — Tel est son beau côté : exécuter ce qui est possible par une activité soutenue et qui ne demande pas précisément du génie (1),

(4) Le génie est le talent d'inventer ce qui ne peut être ni enseigné ni appris. On peut bien apprendre d'un antre comment se font