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314 DES CARACTÈRES.

qui habitent le voisinage de deux côtés opposés, qui ne sont séparés l'un de l'autre que par un canal (bien qu'on puisse l'appeler une mer;. Leur rivalité produit néanmoins, dans l'état d'hostilité où il se trouvent, un caractère politique qui n'est pas le même : Yapprè· kension d'un côté et la haine de l'autre; deux dispositions qui empêchent le rapprochement, et dont Tune a pour but la conservation de soi-même, l'autre la domination, et, eu cas de lutte, la destruction de l'adversaire. 3° U Espagnol, mélange du sang européen et de l'arabe (maure) affiche dans sa conduite publique et privée une certaine solennité. Le pays lui-même a la conscience de sa dignité vis-à-vis de grands auxquels, du reste, il est soumis par la loi. — La grandesse espagnole et la solennité de langage (grandiloguens) qui se rencontre jusque dans leur simple conversation, témoignent d'un noble orgueil national.. Aussi le badi-nage familier du Français est-il antipathique à l'Espagnol. Il est réglé, ami des lois, principalement des lois de sa vieille religion. — Cette gravité ne l'empêche cependant pas de s'amuser les jours de fête (par exemple à l'ouverture des moissons, par des chants et des danses); et si par une soirée d'été un racleur de violon fait entendre le fandango, il y a toujours des gens du peuple disposés en ce moment à danser dans les rues au son de cette musique. — Voilà le bon côté de l'Espagnol. Voici le mauvais : l'Espagnol n'apprend rien du dehors, il ne voyage pas pour apprendre à connaître