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DES CARACTÈRES.

mari bien portant, quoique notablement plus âgé. — Mais un homme dont la conduite a été dissolue avant le mariage, sera un fat dans son intérieur, parce qu'il ne pourra exercer cette autorité domestique qu'en élevant des prétentions déraisonnables.

Hume observe que les femmes (même les vieilles filles) sont plus vexées par les satires sur le mariage que par les plaisanteries sur leur sexe. — Ces railleries ne peuvent jamais être sérieuses, tandis que les satires pourraient bien l'être, si par exemple on mettait dans tout leur jour les inconvénients auxquels échappe le célibataire. La prévention en ce sens aurait des conséquences fâcheuses pour tout le sexe, qui ne serait plus qu'un simple moyen de satisfaire l'inclination de l'autre sexe, inclination qui peut facilement tomber par le dégoût et l'inconstance. — Le mariage affranchit la femme et fait perdre à l'homme sa liberté.

Les qualités morales d'un homme, d'un jeune homme surtout, inquiètent peu la femme avant le mariage. Elle croit pouvoir l'améliorer ; une femme raisonnable, dit-elle, peut ramener facilement au bien un homme égaré ; en quoi la plupart du temps elle s'abuse cruellement. Telle est aussi l'opinion de ces gens candides, qu'on peut passer sur les dérèglements de cet homme avant le mariage, parce que, s'il n'est pas entièrement épuisé, il suffira encore aux besoins instinctifs de sa femme. Ces braves gens ne font pas attention que le libertinage en ce cas consiste précisément dans le changement de jouissance, et que l'uni-