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OBSERVATIONS DÉTACHÉES.

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quetterie ; l'affectation de sembler amoureux de toutes les femmes, est galanterie ; galanterie et coquetterie peuvent être un ton, une mode, sans grande conséquence. C'est ainsi que le sigisbéisme est une liberté affectée de la femme mariée, ou comme un état de courtisane autrefois en Italie [dans l'Historia conciiii Tridentini on lit entre autres choses : Erant ibi etiam trecentœ honestœ meretrices, quas cortegianas vocant], dont on dit que la société avait une réunion publique et une culture plus épurée que les réunions mêlées chez les particuliers. — L'homme ne recherche dans le mariage que l'inclination de sa femme ; la femme ambitionne celle de tous les hommes ; elle ne se pare que pour les regards de son sexe, par rivalité, pour Surpasser d'autres femmes en agréments ou en importance. L'homme, au contraire, lie se pare que pour la femme, si l'on peut appeler parure ce qui n'a pour but que de ne pas dégoûter sa femme par sa mise. — L'homme juge les fautes des femmes avec indulgence, et la femme (publiquement du moins) avec beaucoup de sévérité. Si les jeunes femmes avaient à choisir entre un tribunal de leur sexe et un tribunal de l'autre pour juger leur conduite, elles donneraient à coup sûr la préférence au dernier. — Quand un luxe très raffiné s'est établi, la femme n'est plus morale que par nécessité ; elle n'a plus honte de souhaiter d'être homme, afin de pouvoir donner à ses inclinations un plus grand et plus libre essor, tandis qu'il n'est pas d'homme qui voulût être femme. La femme ne s'inquiète pas de la continence de