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dant des desseins de la nature, ces fins naturelles présumables pourront aussi servir à donner un principe de caractéristique, lequel dépend, non de notre choix, mais d’un dessein supérieur par rapport au sexe masculin. Ces fins sont : 1° la conservation de l’espèce ; 2° la culture de la société et son raffinement par la femme.

I. La nature ayant confié au sein de la femme son gage le plus cher, à savoir l’espèce, dans le fruit corporel par lequel le genre humain devait se propager et se perpétuer, elle a craint en quelque sorte pour la conservation de cette espèce, et a semé ce fruit dans la nature féminine, pour le mettre à labri des lésions corporelles et de la crainte de tels périls. Par ces faiblesses, le sexe féminin a besoin de la protection régulière du sexe masculin.

II. La nature ayant aussi voulu inspirer les sentiments plus délicats qui font partie de la civilisation, celui de la sociabilité et celui de la convenance, fit respecter de bonne heure ce sexe pour le faire dominer sur l’autre par la moralité, la persuasion du langage et des manières, et en voulant qu’il en fût fréquenté avec douceur et politesse, en telle sorte que le sexe masculin se vit peu à peu enchaîné, grâce à sa propre magnanimité, par un enfant, et conduit par là, sinon à la moralité, du moins à ce qui en est le dehors, c’est-à-dire à un maintien moral, qui est une préparation et une recommandation pour la morale même.