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qu’il a lui-même ouverte. Mais l’homme de raison ne doit cependant pas être singulier : il ne le sera même en aucun cas, puisqu’il s’appuie sur des principes qui doivent valoir pour tout le monde. Celui-là est le singe de l’homme (Mannes) qui a du caractère. La bonne nature qui a sa raison dans le tempérament est une peinture à la détrempe, et non un trait de caractère ; mais le caractère mis en caricature est une méchante raillerie au préjudice de l’homme d’un véritable caractère, parce qu’il ne fait pas le mal qui est devenu d’une pratique générale (de mode) ; ce qui fait qu’on le représente comme un être singulier.

2° La méchanceté, comme disposition naturelle, est cependant moins méchante que la bonté n’est bonne par tempérament encore ou sans caractère ; on peut, en effet, la surmonter par le caractère. — Un homme d’un mauvais caractère (comme Sylla), inspirât-il de l’horreur par la violence de ses inébranlables maximes, ne laisse pas d’être un objet d’admiration, par la manière dont la force d’âme en général,

    toire), et mis en vente sur un marché public d’esclaves. Que peux-tu, que sais-tu faire ? lui demanda le vendeur, qui l’avait placé sur une éminence. « Je sais commander, » répondit le philosophe, « cherche-moi donc un acheteur qui ait besoin d’un maître. » Le marchand, réfléchissant à cette singulière prétention, fit l’affaire, et donna son fils à élever à l’esclave comme celui-ci l’entendrait. Quant à lui, il fit pendant quelques années le commerce en Asie, et, à son retour, fut tout heureux de trouver, au lieu d’un fils indiscipliné qu’il avait laissé en partant, un jeune homme habilé, plein de bons sentiments, vertueux enfin. — Telle est à peu près l’échelle qui peut servir à l’appréciation du mérite de l’homme.