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dit, ne veut pas se laisser consoler, c’est-à-dire qui veut donner un libre cours à ses larmes, s’occupe de sa santé sans le savoir, ou proprement sans le vouloir. Une colère qui surviendrait dans cet état tarirait sur-le-champ cette effusion de larmes, mais avec préjudice pour la santé. Souvent le chagrin, mais aussi la colère mettent en larmes les femmes et les enfants. — En effet, le sentiment de son impuissance contre le mal, dans une forte émotion (de colère ou de chagrin), appelle à son secours les signes naturels extérieurs, qui alors au moins désarment (suivant le droit du plus faible) une âme virile. Mais cette expression de la sensibilité, comme faiblesse du sexe, doit toucher non pas jusqu’aux pleurs l’homme compatissant, mais bien jusqu’à lui faire venir les larmes aux yeux, parce que, dans le premier cas, il manquerait à son propre sexe, et ne serait pas, par sa faiblesse, une protection à la partie la plus faible, et que dans le second cas il ne montrerait pas de sympathie pour l’autre sexe, sympathie dont son rôle d’homme lui fait un devoir, parce qu’il doit prendre la femme sous sa protection ; le caractère de l’homme intrépide, tel que le repré-

    versation, lui dit en mauvais allemand : « Ick abe in Amburg eine Ant geabt (ich habe in Hamburg eine Tante gehabt), aber die ist mir geslorben : » J’ai eu un canard [il voulait dire une tante] à Hambourg, mais il est mort. Aussitôt le magister de reprendre : « Pourquoi ne l’avez-vous pas fait apporter et empailler ? » Il prenait le mot anglais Ant, qui signifie une tante, pour le mot Ente, qui veut dire canard ; et comme il croyait que cette espèce de canard devait être fort rare, il en regrettait vivement la perte. On peut penser quels éclats de rire dut occasionner ce malentendu.