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nature dans sa grande diversité, rencontre une sagesse à laquelle il ne s’attendait pas, tombe dans l’étonnement, dans une admiration à laquelle on ne peut pas s’arracher (on ne peut pas s’étonner assez) ; mais cette émotion est alors excitée par la raison, et une sorte de frisson sacré se fait sentir à la vue de l’abîme du surnaturel, ouvert sous ses pas.

§ LXXVIII.

Des émotions à l’aide desquelles la nature procure mécaniquement la santé.

La santé est mécaniquement favorisée par quelques émotions. De ce nombre sont le rire et le pleurer. La colère, si elle est nécessaire pour reprendre vigoureusement (sans cependant qu’il y ait à craindre de la résistance), est aussi un moyen passablement sûr de digérer, et beaucoup de mères de famille n’ont pas d’autre exercice dans leur intérieur que les impatiences occasionnées par leurs enfants et leurs domestiques. Si enfants et domestiques prennent bien la chose, une agréable lassitude de la force vitale se répand uniformément dans toute la machine ; mais ce moyen n’est pas sans danger, à cause de la résistance possible de cet entourage domestique.

Le rire franc et satisfait (et non le rire dissimulé, mêlé d’amertume) est au contraire agréable et salutaire ; tel est celui qu’on aurait recommandé à ce roi de Perse, qui proposa une récompense à quiconque inventerait un nouvel amusement. — La respiration