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PRÉFACE DE L'AUTEUR.

tune, ou par lui-même comme aventurier, sont un grand obstacle à ce que l’anthropologie prenne le rang d’une science formelle.

Enfin, l’histoire, la biographie, le théâtre, les romans, s’ils ne sont pas des sources pour l’anthropologie, sont au moins des moyens accessoires. Bien qu’en effet les romans et les spectacles soient fondés non pas sur l’expérience et la vérité, mais sur la fiction, et que les caractères et les situations des hommes y soient exagérés, à peu près comme dans l’image d’un songe, à tel point qu’il est permis de n’y vouloir rien trouver d’utile pour la connaissance de l’homme, cependant ces caractères, tels qu’ils sont tracés par un Richardson ou un Molière, doivent être pris, dans leurs traits essentiels, de l’observation de l’activité et de l’abstention de l’homme, par la raison que, tout excessifs qu’ils sont quant au degré, ils doivent néanmoins s’accorder avec la nature humaine pour la qualité.

Une anthropologie conçue du point de vue pratique, et systématiquement exécutée, quoique d’une manière populaire (à l’aide d’exemples que tout lecteur peut très-bien trouver), présente cet avantage au public instruit, que, grâce aux titres détaillés sous lesquels telle ou telle qualité humaine appartenant à la vie pratique peut être classée, ces titres sont, par leur variété et leur nombre, une occasion et une invitation pour tous de faire de chacune de ces qualités un thème spécial d’observations à classer sous le titre qui lui convient ; ce qui permet aux amis de l’anthropolo-