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§XLV.

B

DES FAIBLESSES DE L’INTELLIGENCE.

Celui qui manque d’esprit est une tête obtuse (Stumpfe Kopf, obtusum caput). Ce qui n’empêche pas qu’il peut être une excellente tête où il s’agit de jugement et de raison ; seulement il ne faut pas l’engager à faire le poète, comme on fit à Clavius, que son professeur voulait mettre en apprentissage chez un maréchal-ferrant, parce qu’il ne pouvait point faire de fers, mais qui devint un grand mathématicien dès qu’on lui eût mis entre les mains un livre qui traitait de cette science. — Une intelligence d’une conception lente n’est pas pour cela une tête faible, de même que celui qui conçoit promptement n’est pas toujours un esprit profond ; c’est souvent un esprit très superficiel.

Le manque de jugement sans esprit est stupidité (Dummheit, stupiditas). Mais ce même défaut avec de l’esprit est sottise (Albernkeit). Celui qui fait preuve de jugement dans les affaires a du bon sens (gescheut). S’il a en même temps de l’esprit, il est adroit. — Celui qui ne vise qu’à l’une de ces qualités, le bel esprit (Witzling), aussi bien que le raisonneur (Klügling), est un sujet rebutant. — On est assagi par les contre-temps ; mais celui qui, à l’école de l’adversité, est conduit si loin que ses jnfortunes peuvent donner de la sagesse à d’autres, celui-là est imprudent (abgewitzt). — L’ignorance n’est pas la stupidité, comme