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DE L'INTELLIGENCE





§ XXXII.


De l’illusion.


L’imagination n’est cependant pas si créatrice qu’on le prétend. Nous ne pouvons concevoir qu’une forme différente de celle de l’homme puisse convenir à un être raisonnable. C’est pour cette raison que le statuaire ou le peintre, lorsqu’il exécute un ange ou un Dieu, fait toujours un homme. Toute autre figure lui semble renfermer des parties inconciliables, d’après son idée, avec la nature d’un être raisonnable (telles sont les plumes, les ongles ou les sabots). Quant à la grandeur, il peut au contraire la concevoir comme il veut.

L’illusion provenant de la force de l’imagination de

    mique (de production) la troisième, qui donne naissance à une chose toute nouvelle (analogue aux sels neutres en chimie). Le jeu des forces, dans la nature morte, comme dans la vivante, dans l’âme aussi bien que dans le corps, dépend de la décomposition et de la composition de l’hétérogène. Il est vrai que nous ne connaissons ces forces que par leurs effets ; mais la cause suprême et les parties constitutives simples de la matière qui les compose nous sont inaccessibles. — D’où vient que tous les êtres organiques que nous connaissons ne peuvent être perpétués que par l’union de deux sexes (qu’on appelle male et femelle) ? On ne peut cependant pas supposer que le créateur, par pure singularité, et seulement pour établir sur notre terre un état de choses qui lui plût, ait voulu se jouer, pour ainsi dire ; il semblerait plutôt qu’il devait être impossible de tirer autrement de la matière de notre globe des créatures organisées par propagation, que par l’intervention de deux sexes. — La raison humaine se perd dans cette obscurité, quand elle veut essayer de sonder la souche, ou seulement de la deviner.