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AVANT-PROPOS.


grand nombre qu’il serait bon d’enseigner aujourd’hui la philosophie, ou mieux la religion du droit. Mais le petit nombre n’en a pas moins besoin que le grand ; s’il était mieux nourri du pain des forts, notre histoire ne nous offrirait pas d’aussi tristes spectacles. J’adresse donc cet ouvrage a tous ceux qui sont capables de quelque étude sérieuse et qui aiment a remonter aux principes. Qu’ils s’en pénètrent : ils y apprendront a comprendre et a aimer la liberté, l’égalité, le droit, qu’ils ne sépareront pas du devoir, en un mot, la justice ; et, avec l’amour du droit et de la justice, ils sentiront croître en eux la haine de la violence et de l’arbitraire. Si ces idées et ces sentiments étaient une fois bien enracinés dans les esprits cultivés, ils ne tarderaient pas à se propager et a se répandre dans tout le peuple, et il ne faudrait pas désespérer de nous !

Quelques mots d’explication maintenant sur le contenu de ce volume.

Les Fondements de la métaphysique des mœurs et de la Critique de la raison pratique, que j’ai traduits et examinés précédemment, n’avaient fait que préparer les bases de la morale : restait à construire l’édifice même de cette science, ou la théorie générale de nos devoirs. L’ouvrage dont je publie aujourd’hui la traduction forme la première partie de cette théorie : celle qui regarde le droit 1[1]. Il parut pour la première fois en 1796, huit ans après la Critique de la raison pratique. Kant en publia une seconde édition deux ans plus tard, en y intercalant des remarques explicatives, qu’il avait déjà fait paraître séparément en réponse à certaines critiques insérées dans le Journal des savants de Gœttingue (1797, n° 28, 18 février) 2[2]. J’ai joint la traduction de ces remarques à celle de l’ouvrage même, dont elles font désormais partie 3[3].

J’y ai ajouté en outre tous les opuscules de Kant qui

  1. 1 La seconde partie, celle qui a trait à la vertu, est traduite et suivra de près la première.
  2. 2 Voyez la note de la p. 161.
  3. 3 p. 237.