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c’est-à-dire d’après ces trois qualités : Ie d’homme privé[ndt 1] mais en même temps d’homme d’affaires[ndt 2], d’homme d’État[ndt 3]·, 3e d’homme du monde[ndt 4] (ou de citoyen du monde · en général). Ces trois personnes s’accordent pour passer sur le corps de l’homme d’école[ndt 5] qui cultive la théorie pour eux tous et pour leur bien ; du haut de la supériorité qu’elles s’attribuent, elles le renvoient de concert à son école (illa es jactet in aula) comme un pédant qui, perdu pour la pratique, entrave la sagesse qu’elles ont puisée dans l’expérience.

Nous présenterons donc le rapport de la théorie à la pratique Sous trois numéros : 1° dans la morale en général (relativement au bien de chaque homme) ; 2° dans la politique (relativement au bien des États) ; 3° au point de vue comopolitique (relativement au bien de l’espèce humaine en général, en comprenant dans le progrès de l’espèce humaine vers ce bien toute la série des générations futures). — Le titre des numéros sera tiré du fond mémo du traité : savoir le rapport de la théorie à la pratique dans la morale ; dans le droit politique et dans le droit des gens.


I.

Du rapport de la théorie à la pratique dans la morale en général.

(En réponse à quelques objections de M. le docteur Garve)[1].

Avant d’en venir au véritable point de la discussion, lequel porte sur ce qui peut être bon, soit simplement pour la théorie, soit pour la pratique, dans l’usage d’un seul et même concept, j’ai besoin de confronter ma théorie, telle que je l’ai exposée ailleurs, avec l’idée qu’en donne M. Garve, afin de voir d’abord si nous nous entendons bien.

  1. Privatmann
  2. Geschaeftmann
  3. Staatsmann
  4. Weltmann
  5. Schulmann
  1. Essais sur divers sujets de morale et de littérature, par Ch. Garve, première partie, p. 111-116. Je ne vois dans la polémique engagée par ce digne homme contre mes propositions que des objections sur des points sur lesquels il souhaite (à ce que j’espère) s’entendre avec moi, et non des attaques, qui, formulées en des assertions tranchantes, exigeraient une défense qui ne serait pas ici à sa place, et pour laquelle d’ailleurs je ne me sens aucune inclination.