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242 DOCTRINE DU DWMT.

violence)· Mais il est criminel d'entreprendre cette recherche, dans l'intention de changer ensuite parla force la constitution actuellement existante ; car ce changement ne pourrait être opéré que par le peuple se soulevant à cet effet, et par conséquent il ne serait pas l'ouvrage de la législation. Or l'insurrection, dans une constitution déjà existante, est un renversement de tous les rapports de juridiction civile, par conséquent de tout droit, c'est-à-dire que ce n'est pas un change­ment de la constitution civile, mais une dissolution de cette constitution, et que le passage à une meilleure constitution n'est pas une métamorphose, mais une palingénésie, qui exige un nouveau contrat social, sur lequel le précédent (maintenant détruit) n'a aucune influence. — Toutefois il doit être permis au souverain de changer la constitution existante, lorsquelle ne s'ac­corde pas avec l'idée d'un contrat originaire, et d'y introduire la forme qui convient essentiellement au but que le peuple se propose en constituant l'État. Mais ce changement ne peut aller jusqu'à faire passer l'État de l'une de ses trois formes possibles à l'une des deux autres, par exemple jusqu'à exiger de l'aristo­cratie qu'elle se soumette à l'autocratie ou qu'elle se fonde dans la démocratie, ou réciproquement, comme s'il dépendait du libre dioix et du bon plaisir du sou­verain de soumettre le peuple à telle ou telle consti­tution. En effet, alors même qu'il voudrait introduire la démocratie, il pourrait porter préjudice au peuple, puisque celui-ci pourrait bien ne pas vouloir de cette forme de gouvernement et trouver l'une des dem autres préférable.