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204 DOCTRINE DU DROIT.

peut disposer de sa vie. Tout cela n'est que sophisme et pure chicane. Personne n'est puni pour avoir voulu la punition, mais pour avoir voulu une action punissable; car il n'y plus de punition dès qu'il ne vous arrive que ce qu'on veut, et il est impossible de vouloir être puni. — Dire : je consens à être puni, si je tue quelqu'un, ne signifie rien autre chose, sinon : je me soumets, avec tous les autres, aux lois qui naturellement seront aussi des lois pénales, s'il y a des coupables dans le peuple. Il est impossible que, comme colégislateur, dictant la loi pénale, je sois la même personne qui, comme sujet, est punie au nom de cette loi; car, sous ce dernier rapport, c'est-à-dire comme criminel, il est impos­sible que j'aie droit de suffrage dans la législation (le législateur est saint). Quand donc je porte une loi pénale contre moi, comme criminel, c'est alors en moi la raison pure, en tant qu'elle est la source des lois juridiques (homo noumenon), qui me soumet à cette loi, comme un être capable de crime, c'est-à-dire comme une autre personne (homo phœnomenon). En d'autres termes, ce n'est pas le peuple (chacun des individus qui le composent), mais le tribunal (la justice publique), par conséquent un autre que le criminel qui dicte la peine de mort, et le contrat social ne contient pas du tout la promesse de se laisser punir et de dis­poser ainsi de soi-même et de la vie. En effet, s'il fallait que le droit de punir fût fondé sur une promesse du coupable de consentir à se laisser punir, il faudrait aussi lui laisser la faculté de se déclarer lui-même passible ou non de la peine, et permettre au criminel