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INTRODUCTION.


deux membres tout à fait inégaux par leur contenu, et réduire la division de la doctrine du droit au mien et au tien extérieurs.




DIVISION


DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS EN GÉNÉRAL.




I.


Tous les devoirs sont ou des devoirs de droit (officia juris), c’est-à-dire des devoirs susceptibles d’une législation extérieure, ou des devoirs de vertu (officia virtutis, s. ethica), c’est-à-dire des devoirs qui ne comportent point une législation de ce genre. Ces derniers échappent à toute législation extérieure, parce qu’ils se rapportent à une fin, qui est en même temps un devoir (ou qu’il est de notre devoir de poursuivre). Il n’y a pas en effet de législation extérieure qui puisse faire que l’on se propose un certain but (car c’est là un acte intérieur de l’esprit). On peut sans doute prescrire ainsi des actions extérieures qui y conduisent, mais non pas contraindre le sujet à les prendre pour fin.

xxMais pourquoi la doctrine des mœurs (la morale) est-elle ordinairement désignée (entre autres par Cicéron) sous le nom de doctrine des devoirs, et ne l’est-elle pas aussi sous celui de doctrine des droits ? Pourtant les uns sont corrélatifs aux autres. La raison en est que nous ne connaissons notre propre liberté (de laquelle émanent toutes les lois