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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


voulons le juger impartialement, il prouve seulement une chose à savoir que nous reconnaissons vraiment la valeur do l’impératif catégorique, mais qu’en dépit du respect que nous professons pour lui, nous nous permettons d’y faire seulement quelqu-s exceptions insignifiantes, à ce qu’il nous semble, el que la nécessité nous impose.

Nous avons, semble-l-il, au moins réussi à prouver que, si le devoir est un concept ayant une signification et contenant uno véritable législation pour notre conduite, il no peut s’exprimer que dans des impératifs catégoriques et nullement dans.dcs impératifs hypothétiques ; en même temps nous avons déterminé clairement, et c’est un grand point, le contenu de l’impératif catégorique qui doit renfermer le principe île tous les devoirs (s’il y a vraiment des devoirs), el cela pour toutes ses applications. Mais nous ne sommes pas parvenus à démontrer a priori qu’un tel impératif existe réellement, qu’il y a une loi pratique qui commande par elle-même d’une manière absolue et indépendamment de tout mobile et que l’observation de cette loi est le devoir*.

Si nous voulons arriver à ce but, il est de la plus haute importance d’être bien averti d’une chose, c’est qu’il ne faut pas songer à vouloir dériver la réalité de ce principe de la constitution particulière delà nature humaine. Car le devoir doit être la nécessité pratique

i. Nous avons déjà expliqué la marche de la démonstration de Kant : S’il y a un devoir, ce ne peut être qu’un impératif catégorique, et s’il y a un impératif catégorique, ce ne peut être qu’une loi universelle. Mais y a-t-il vraiment un devoir, un impératif catégorique ? Kant n’abordera de front cette question que dans la troisième section. Dans les pages qui suivent il va revenir sur celte idée que le principe

principe la morale doit être absolument pur de tout élément empirique ; il sera ainsi amené à se demander quelle peut être la lin d’une volonté vraiment raisonnable, c’esl-à-dire absolument dégagée de tout motif empirique, et il découvrira que cette lin ne peut être que la volonté, c’est-à-dire la personne raisonnable elle-même. Ce sera la deuxième formule île l’impératif catégorique.