Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
FONDEMENTS


juger moralement une action, la meilleure méthode à suivre est de prendre pour principe la formule universelle de l’impératif catégorique : agis d’après une maxime qui puisse s’ériger elle-même en loi universelle. Mais si l’on veut ouvrir à la loi morale un accès plus facile, il est fort utile de faire passer la même action par les trois concepts, afin de la rapprocher, autant que possible, de l’intuition.

Nous pouvons maintenant terminer par où nous avons commencé, c’est-à-dire par le concept d’une volonté absolument bonne. La volonté absolument bonne est celle qui ne peut devenir mauvaise, celle, par conséquent, dont la maxime peut être érigée en loi universelle, sans se contredire elle-même. Ce principe est donc aussi sa loi suprême : agis toujours d’après une maxime dont tu puisses vouloir qu’elle soit une loi universelle. C’est la seule condition qui permette à une volonté de n’être jamais en contradiction avec elle même, et un tel impératif est catégorique. Et, puisque ce caractère qu’a la volonté de pouvoir être considérée comme une loi universelle pour des actions possibles a de l’analogie avec cette liaison universelle de l’existence des choses qui se fonde sur des lois universelles, et qui a la forme *[1] d’une nature en général, l’impératif catégorique peut encore être exprimé de cette manière : agis d’après des maximes qui puissent se considérer elles-mêmes comme des lois universelles de la nature. Telle est donc la formule d’une volonté absolument bonne.

  1. * das Formule.