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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


ce titre même (à ce titre qu’elle peut s’en regarder elle même comme l'auteur).

Les impératifs que nous avions précédemment exposés, à savoir, celui qui exige de toutes nos actions une conformité à des lois qu’on puisse considérer comme constituant un ordre naturel *[1], ou celui qui veut que l’être raisonnable ait universellement par lui même le rang de fin **[2], ces impératifs, étant conçus comme catégoriques, excluaient par là même du principe de leur autorité tout mobile tiré d’un intérêt quelconque, mais nous ne les avions admis comme des impératifs catégoriques, que parce qu’il fallait admettre des impératifs de cette espèce pour pouvoir expliquer le concept du devoir. Quant à démontrer l’existence de principes pratiques qui commandent catégoriquement, c’est ce que nous ne pouvions faire directement, et nous ne pouvons même l’entreprendre en général dans cette section ; mais il y avait pourtant encore une chose possible, c’était de faire que l’exclusion de tout intérêt dans une volonté agissant par devoir, ou le caractère, qui distingue spécifiquement l’impératif catégorique de l’impératif hypothétique, fut indiqué dans l’impératif même, par quelque détermination de cet impératif ; or c’est ce que nous faisons dans cette troisième formule du principe, qui présente la volonté de tout être raisonnable comme une législatrice universelle.

En effet, si une volonté que nous concevons comme soumise à des lois peut être attachée à ces lois par

  1. * Naturordnung.
  2. ** Zurchsvorung ???.