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FONDEMENTS


exemple dans le cas où, pour me sauver, je consens à me laisser amputer un membre, et dans tous les cas où, pour conserver ma vie, j’expose ma vie à un danger ; cela rentre dans la morale proprement dite.)

2. Quant au devoir nécessaire ou strict envers autrui, celui qui est tenté de faire une promesse trompeuse reconnaîtra aussitôt qu’il veut se servir d’un autre homme comme d’un pur moyen, ou comme si cet homme ne contenait pas lui-même une fin. Car celui que je veux, par cette promesse, faire servir à mes desseins ne peut approuver ma manière d’agir envers lui, ni, par conséquent, contenir lui-même la fin de cette action. Cette violation du principe de l’humanité dans les autres hommes est encore plus manifeste, quand on tire ses exemples d’atteintes à la liberté ou à la propriété d’autrui. Là en effet on voit clairement que celui qui viole les droits des hommes est résolu à ne se servir de leur personne que comme d’un moyen », sans prendre garde que, en leur qualité d’êtres raisonnables, il faut toujours les considérer aussi comme des fins, c’est-à-dire comme des êtres qui doivent pouvoir contenir eux-mêmes la fin pour laquelle on agit 1[1].

3. Quant au devoir contingent (méritoire) envers

  1. 1 Qu’on ne croie pas que ce précepte trivial : Quod tibi non vis fieri, etc., puisse servir ici de règle ou de principe, car il est lui-même dérivé de celui que nous venons d’indiquer, et encore avec diverses restrictions. On ne peut le regarder comme une loi universelle, puisqu'il ne contient le principe ni des devoirs envers soi-même, ni des devoirs de bienfaisance envers autrui (car il y a bien des gens qui renonceraient