Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


rapport à la nature particulière de la faculté de désirer du sujet, et, par conséquent, elles ne peuvent fournir des principes universels et nécessaires pour tout être raisonnable et pour tout vouloir, c’est-à-dire des lois pratiques. Aussi toutes ces fins relatives ne donnent-elles jamais lieu qu’à des impératifs hypothétiques.

Mais, s’il y a quelque chose dont l'existence ait en soi une valeur absolue, et qui, comme fin en soi, puisse être le fondement de lois déterminées, c’est là et là seulement qu’il faut chercher le fondement d’une impératif catégorique possible, c’est-à-dire d’une loi pratique.

Or je dis que l’homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen pour l’usage arbitraire de telle ou telle volonté, et que dans toutes ses actions, soit qu’elles ne regardent que lui-même, soit qu’elles regardent aussi d’autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré comme fin. Tous les objets des inclinations n’ont qu’une valeur conditionnelle ; car si les inclinations et les besoins qui en dérivent n’existaient pas, ces objets seraient sans valeur. Mais les inclinations mêmes, ou les sources de nos besoins, ont si peu une valeur absolue et méritent si peu d’être désirées pour elles-mêmes, que tous les êtres raisonnables doivent souhaiter d’en être entièrement délivrés. Ainsi la va leur de tous les objets, que nous pouvons nous procurer *[1] par nos actions, est toujours conditionnelle. Les

  1. * zu erwerbenden.