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DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS


pératif est une proposition pratique synthétique a priori 1[1], et si l’on songe combien il est difficile, dans la connaissance théorique, de découvrir la possibilité des propositions de cette espèce, un présumera aisément que, dans la connaissance pratique, la difficulté ne doit pas être moins grande.

Cherchons d’abord si le simple concept d’un impératif catégorique n’en donne pas aussi une formule contenant la proposition qui seule peut être un impératif catégorique. Quant à la question du savoir ̃comment un impératif absolu est possible, elle exige encore, alors même que l’on connait le sens de cet impératif, une étude particulière et difficile, que nous réserverons pour la dernière section.

Quand je conçois en général un impératif hypothétique, je ne puis prévoir ce qu’il contiendra, avant de connaître sa condition. Mais quand je conçois un impératif catégorique, je sais aussitôt ce qu’il contient. En effet, comme l’impératif ne contient, outre la loi, que la nécessité de cette maxime 2[2], de se conformer

  1. 1 A la volonté, considérée indépendamment de toute condition sensible préalable ou de toute inclination je joins le fait a priori par conséquent nécessairement (mais objectivement, c’est-à-dire, en supposant l’idée d’une raison qui dominerait entièrement toutes les causes subjectives de détermination). C’est donc là une proposition pratique, qui ne dérive pas analytiquement l’acte consistant à vouloir une action d’un autre vouloir déjà supposé (car nous n’avons pas une volonté si parfaite), mais qui le lie immédiatement au concept de la volonté d’un être raisonnable, comme quelque chose qui n’y est pas contenu.
  2. 2 La maxime est le principe subjectif de l’action et elle doit être distinguée du principe objectif, c’est-à-dire de la loi pratique. La maxime contient la règle pratique qui détermine la raison conformément