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FONDEMENTS


lement un moyen de la sensation, ou par des causes purement subjectives, qui n’ont de valeur que pour la sensibilité de tel ou tel individu 1[1].

Une volonté parfaitement bonne serait donc soumise aussi bien qu’une autre à des lois objectives (aux lois du bien), mais on ne pourrait se la représenter comme contrainte par ces lois à faire le bien, puisque, en vertu de sa nature subjective, elle se conforme d’elle-même au bien, dont la représentation seule peut la déterminer. Ainsi, pour la volonté divine et en général pour une volonté sainte, il n’y a point d’impératifs : le devoir est un mot qui ne convient plus ici puisque le vouloir est déjà par lui-même nécessairement conforme à la loi. Les impératifs ne sont donc que de

  1. 1 On appelle inclination la dépendance de la faculté de désirer par rapport à des sensations, et ainsi l’inclination annonce toujours un besoin. On appelle intérêt la dépendance d’une volonté, dont les déterminations sont contingentes, par rapport à des principes de la raison. Cet intérêt ne se rencontre donc que dans une volonté dépendante, qui n’est pas toujours d’elle-même conforme à la raison ; on ne peut le concevoir dans la volonté divine. Mais aussi la volonté humaine peut prendre intérêt à une chose, sans agir pour cela par intérêt. Dans le premier cas, il s’agit d’un intérêt pratique qui s’attache à l’action dans le second, d’un intérêt pathologique qui s’attache à l’objet de l’action. Le premier exprime simplement la dépendance de la volonté par rapport à des principes de la raison considérée en elle-même ; le second, la dépendance de la volonté par rapport à des principes de la raison considérée comme Instrument au service de l’inclination, c’est-à-dire, en tant qu’elle nous indique la règle pratique au moyen de laquelle nous pouvons satisfaire le besoin de notre inclination. Dans le premier cas, c’est l’action même qui nous intéresse dans le second, ce n’est que l’objet de l’action (en tant qu’il nous est agréable). On a vu dans la première section que, dans une action, faite par devoir, il ne devait pas être question de l’intérêt qui s’attache à l’objet, mais seulement de celui qui s’attache à l’action même et à son principe rationnel à lui