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MÉTHODOLOGIE DE LA R. PURE PRATIQUE.


que nous infligerait le tribunal intérieur par la jouissance des plaisirs qu’une loi naturelle ou divine, admise par nous, aurait liés, suivant notre opinion, à un mécanisme de police *[1], réglé uniquement sur les actions mêmes et non sur les motifs pour lesquels on agit.

A la vérité on ne peut nier que, pour mettre dans la voie du bien moral une âme inculte ou dégradée, il ne soit nécessaire de la préparer en l’attirant par l’appât de l’avantage personnel ou en l’effrayant par la crainte de quelque danger ; mais, dès que ce moyen mécanique, dès que cette lisière a produit quelque effet, alors il faut montrer à l’âme le motif moral dans toute sa pureté, car non-seulement ce motif est le seul qui puisse fonder un caractère (une manière d’être conséquente **[2], établie sur des maximes immuables), mais en outre il nous apprend à sentir notre dignité personnelle, et par là il nous donne une force inattendue pour nous dégager de tous les liens sensibles qui tendent à nous opprimer, et nous montre une riche compensation aux sacrifices qu’il nous impose dans l’indépendance de notre nature intelligible, et dans la grandeur d’âme à laquelle nous nous voyons destinés. Nous montrerons donc par des observations, que chacun peut faire de soi-même, que cette propriété de notre esprit, cet intérêt pur que nous sommes capables d’attacher à la moralité, par conséquent, la force d’impulsion que possède la pure représentation de la vertu est le mobile le plus puissant qu’on puisse présenter au cœur humain, pour le dé-

  1. * mit dem Maschineniresen ihrer Polizei.
  2. ** praktische consequente Denkungsart.