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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.




VIII.


De l’espèce d’adhésion *[1] qui dérive d’un besoin de la raison pure.


Un besoin de la raison pure spéculative ne nous conduit qu’à des hypothèses, tandis qu’un besoin de la raison pure pratique conduit à des postulats. En effet, dans le premier cas, je m’élève du dérivé aussi haut que je le veux dans la série des causes, et j’ai besoin d’une cause première, non pas pour donner à ce dérivé (par exemple, à la liaison causale des choses et des changements dans le monde) de la réalité objective, mais seulement pour satisfaire complètement ma raison dans ses investigations sur cette matière. Ainsi je vois de l’ordre et de la finalité dans la nature, et je n’ai pas besoin d’avoir recours à la spéculation pour m’assurer de la réalité de cet ordre et de cette finalité, mais j’ai besoin seulement pour me les expliquer, de supposer une divinité qui en soit la cause : et, comme la conclusion qui va d’un effet à une cause déterminée surtout à une cause si exactement et si complètement déterminée que celle que nous concevons sous le nom de Dieu, est toujours incertaine et douteuse, on ne peut regarder cette supposition que comme l’opinion la plus raisonnable pour nous autres hommes 1[2]. Au contraire un besoin de la raison pure

  1. * Fürwahrhalten.
  2. 1 Mais nous ne pourrions pas même prétexter ici un besoin de la raison, si nous n’avions devant les yeux un concept de la raison, pro-