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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


d’y fonder de transcendantes prétentions à des théories du supra-sensible, dont on ne voit pas la fin, faisant ainsi de la théologie une lanterne magique de conceptions fantastiques, ou, quand on les regarde comme acquises, d’en restreindre, avec Epicure, l’application, même sous le rapport pratique, aux objets et aux mobiles sensibles. Mais, lorsque la critique a prouvé par cette déduction : 1o qu’elles ne sont pas d’origine empirique, mais qu’elles ont a priori leur siège et leur source dans l’entendement pur ; 2o que, comme elles se rapportent à des objets en général indépendamment de l’intuition de ces objets, si elles ne constituent une connaissance théorique qu’en s’appliquant à des objets empiriques, elles servent aussi, appliquées à un objet donné par la raison pure pratique, à concevoir le supra-sensible d’une manière déterminée *[1], mais en tant seulement que cette conception est déterminée par des prédicats nécessairement liés au but pratique pur, qui nous est donné a priori, et à la possibilité de ce but, alors la limitation spéculative de la raison pure et son extension pratique placent en définitive les deux emplois de la raison dans un rapport d’égalité, qui nous permet de faire de la raison en général un usage convenable, et cet exemple prouve, mieux que pas un, que le chemin de la sagesse, pour être praticable et sûr, doit inévitablement passer chez nous autres hommes par la science ; mais que celle-ci conduise à ce but, on ne peut s’en convaincre que quand elle est achevée.

  1. * zum bestimmten Denken des Übersinnlichen.