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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


tel que celui que nous concevons sous le nom de Dieu, il faudrait que nous connussions ce monde comme le tout le plus parfait possible, et, pour cela, que nous connussions tous les mondes possibles, c’est-à-dire que nous eussions l’omniscience. Enfin il est absolument impossible de connaître l’existence de cet être par de simples concepts, parce que toute proposition relative à l’existence *[1], c’est-à-dire toute proposition par laquelle j’affirme l’existence d’un être, dont je me fais un concept, est une proposition synthétique, c’est à-dire une proposition par laquelle je sors de ce concept et dis quelque chose de plus que ce qui est contenu dans le concept même, à savoir que ce concept, qui est dans l’entendement, a un objet correspondant hors de l’entendement, ce qu’on ne peut évidemment conclure d’aucun raisonnement. Il ne reste donc à la raison qu’une seule manière de parvenir à cette connaissance : c’est de déterminer son objet, en partant du principe suprême de son usage pratique pur (puisque cet usage a d’ailleurs uniquement pour but l’existence de quelque chose, comme effet de la raison). Alors le problème qu’elle s’impose inévitablement, à savoir la nécessité de diriger la volonté vers le souverain bien, ne la force pas seulement à admettre un être suprême, comme condition de la possibilité de ce bien dans le monde ; mais, ce qu’il y a de plus remarquable, elle obtient ainsi quelque chose que la méthode naturelle ne pouvait lui fournir, c’est-à-dire un concept exactement déterminé de cet être

  1. * Existentialsatz.