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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


concepts auxquels se rapportent réellement des objets, parce que la raison pratique a indispensablement besoin de leur existence pour la possibilité de son objet, lequel est pratiquement et absolument nécessaire, c’est-à-dire pour la possibilité du souverain bien, et que la raison théorique est par là autorisée à la supposer. Cette extension de la raison théorique n’est pas une extension de la spéculation, c’est-à-dire qu’elle n’a aucun usage positif au point de vue théorique. En effet, comme la raison pratique ne nous apprend rien, sinon que ces concepts sont réels et que leurs objets (possibles) existent réellement, et que nous n’avons aucune intuition de ces objets (ce qui même ne peut être demandé), cette réalité qu’on leur accorde ne peut donner lieu à aucune proposition synthétique. Par conséquent, nous n’étendons point par là notre connaissance au point de vue de la spéculation, mais seulement par rapport à l’usage pratique de la raison pure. Les trois idées de la raison spéculative, dont il s’agit ici, ne sont pas par elles-mêmes des connaissances, mais des pensées (transcendantes), qui ne contiennent rien d’impossible. Elles reçoivent d’une loi pratique apodictique, comme conditions nécessaires de la possibilité de ce que cette loi nous ordonne de prendre pour objet, de la réalité objective, c’est-à-dire que nous apprenons de cette loi qu’elles ont des objets, mais sans pouvoir montrer comment leur concept se rapporte à un objet, et ce n’est pas encore là une connaissance de ces objets, car nous ne pouvons par là porter sur eux aucun jugement synthétique, ni en déterminer théoriquement l’application, et, par