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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


qui puisse persuader, même aux hommes les plus vulgaires, que ce ne sont pas là de véritables concepts.


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VII.


Comment est-il possible de concevoir une extension de la raison pure, au point de vue pratique, sans l’admettre en même temps au point de vue de la connaissance spéculative ?


Pour ne pas paraître trop abstrait, nous répondrons à cette question en l’appliquant immédiatement au cas dont il s’agit ici. – Pour étendre pratiquement une connaissance pure, il faut un but donné a priori, c’est-à-dire un objet de la volonté, proposé comme pratiquement nécessaire par un impératif catégorique déterminant la volonté immédiatement et indépendamment de tous les principes théologiques, et c’est ici le souverain bien. Ce but n’est pas possible, si l’on ne suppose trois concepts théoriques auxquels on ne peut trouver d’intuition correspondante, et, par conséquent, théoriquement, de réalité objective, parce que ce sont des concepts de la raison, à savoir la liberté, l’immortalité et Dieu. Par conséquent, la loi pratique, qui exige l’existence du souverain bien possible dans un monde, postule la possibilité de ces objets de la raison pure spéculative et la réalité objective que celle-ci ne pouvait leur assurer. Par là la connaissance théorique de la raison pure se trouve sans doute étendue, mais en cela seulement que ces concepts, par eux-mêmes problématiques simplement possibles sont maintenant assertoriquement reconnus pour des