Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


spéculative pouvait il est vrai concevoir, mais qu’elle laissait indéterminé, comme un idéal purement transcendental, elle donne au concept théologique de l’être suprême une signification (au point de vue pratique, c’est-à-dire en tant qu’il est la condition de la possibilité de l’objet d’une volonté déterminée par la loi morale), en nous le faisant concevoir comme le principe suprême du souverain bien dans un monde intelligible où la législation morale a tout son effet.

Mais notre connaissance est-elle ainsi réellement étendue par la raison pure pratique, et ce qui était transcendant pour la raison spéculative est-il immanent pour la raison pratique ? Sans doute, mais seulement au point de vue pratique. En effet nous ne connaissons par là ni la nature de notre âme, ni le monde intelligible, ni l’être suprême, comme ils sont en soi ; nous nous bornons à en lier les concepts au concept pratique du souverain bien, comme objet de notre volonté, procédant en cela tout à fait a priori et suivant la raison pure, mais seulement au moyen de la loi morale, et même ne considérant l’objet exigé par la loi que dans son rapport avec cette loi même. Comment la liberté est-elle possible, et comment peut-on se représenter théoriquement et positivement cette espèce de causalité ; c’est ce qu’on ne voit même point par là ; mais qu’il y ait une causalité de cette espèce, c’est ce qui est postulé par la loi morale et pour la loi morale. Il en est de même des autres idées : aucun entendement humain n’en découvrira jamais la possibilité, mais en revanche il n’y pas de sophisme