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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.




V.


L’existence de Dieu, comme postulat de la raison pure pratique.


La loi morale nous a conduite dans la précédente analyse à un problème pratique, qui nous est prescrit uniquement par la raison pure, indépendamment de tout concours des mobiles sensibles, à savoir au problème de la perfection nécessaire de la première et principale partie du souverain bien, de la moralité, et, ce problème, ne pouvant être entièrement résolu que dans une éternité, an postulat de l’immortalité. Cette même loi doit nous conduire aussi, d’une manière tout aussi désintéressée que tout à l’heure, d’après le jugement d’une raison impartiale, à la possibilité du second élément du souverain bien, ou d’un bonheur proportionné à la moralité, à savoir à la supposition de l’existence d’une cause adéquate à cet effet ; c’es ! —à-dire qu’elle doit postuler l’existence de Dieu, comme condition nécessaire à la possibilité du souverain bien objet de notre volonté nécessairement lié à la législation morale de la raison pure. Nous allons rendre ce rapport évident.

Le bonheur est l’état où se trouve dans le monde un être raisonnable pour qui, dans toute son existence, tout est selon son désir et sa volonté, et il suppose, par conséquent, l’accord de la nature avec tout l’ensemble des fins de cet être, et en même temps avec le principe essentiel de sa volonté. Or la loi morale, comme loi de la liberté, commande par des principes