Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
EXAMEN CRITIQUE DE L’ANALYTIQUE


temps, par conséquent, aux déterminations du sujet agissant, considéré comme phénomène, et, sous ce rapport, les causes déterminantes de chacune de ses actions résident en quelque chose qui appartient au temps écoulé, et n’est plus en son pouvoir (à quoi il doit aussi lui-même, comme phénomène, rattacher ses actions passées et le caractère qu’on peut lui attribuer d’après ces actions). Mais le même sujet qui, d’un autre côté, a conscience de lui-même comme d’une chose en soi, considère aussi son existence comme n’étant pas soumise aux conditions du temps, et lui-même, comme pouvant être simplement déterminé par des lois qu’il reçoit de sa raison. Dans cette existence il n’y a rien d’antérieur à la détermination de sa volonté, mais toute action et en général tout changement de détermination, qui arrive dans son existence conformément au sens intime, toute la série même de son existence, comme être sensible, n’est, pour la conscience de son existence intelligible, qu’une conséquence de sa causalité, comme noumène, et n’en peut jamais être considérée comme la cause déterminante. À ce point de vue l’être raisonnable a raison de dire de toute action illégitime, qu’il aurait pu ne pas la commettre, quoique, comme phénomène, cette action soit suffisamment déterminée dans le passé, et qu’elle soit sous ce rapport absolument nécessaire ; car elle appartient, avec tout le passé qui la détermine, à un seul phénomène, au phénomène du caractère qu’il se donne, et d’après lequel il s’attribue à lui-même, comme à une cause indépendante de toute sensibilité, la causalité de ces phénomènes.