Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


la valeur objective d’une loi, est le principe déterminant de la volonté. Par conséquent, ce n’est pas l’objet (le bonheur d’autrui) qui est le principe déterminant de la volonté pure, mais seulement la forme législative, laquelle me sert à restreindre ma maxime fondée sur une inclination, de manière à lui donner l’universalité d’une loi, et à l’approprier ainsi à la raison pure pratique, et c’est de là seulement, et non de l’addition de quelque mobile extérieur, que peut résulter le concept de l’obligation d’étendre la maxime de l’amour de soi au bonheur d’autrui.

scholie.

On a tout juste le contraire du principe de la moralité, lorsqu’on donne à la volonté pour principe déterminant le principe du bonheur personnel auquel, comme je l’ai montré plus haut, il faut rattacher en général tout ce qui place le principe de détermination, qui doit servir de loi, ailleurs que dans la forme législative des maximes. Et il n’y a pas seulement ici une contradiction logique, comme quand on veut élever des règles empiriques *[1] au rang de principes nécessaires de la connaissance, mais une contradiction pratique, qui ruinerait entièrement la moralité, si la voix de la raison, parlant à la volonté, n’était pas si claire, si puissante **[2] si distincte, même pour les hommes les plus vulgaires. Aussi ne trouve-t-on cette contradiction que dans les fausses spéculations des écoles, assez hardies pour rester sourdes à cette voix céleste, afin de

  1. * empirisch-bedingten.
  2. ** unüberschreibar.