Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


Mais la maxime, qui dans ce cas ne peut jamais contenir une forme universellement législative, non-seulement ne peut produire de cette manière aucune obligation, mais elle est même contraire au principe d’une raison pratique pure, et, par conséquent aussi, à toute intention morale, quand même l’action qui en résulterait aurait un caractère légal.

scholie i

Il ne faut donc jamais ériger en loi pratique un précepte pratique qui contient une condition matérielle (par conséquent empirique). En effet la loi de la volonté pure, qui est libre, place cette volonté même dans une sphère tout autre que la sphère empirique, et la nécessité qu’elle exprime, n’étant pas une nécessité physique, ne peut résider que dans les conditions formelles de la possibilité d’une loi en général. Toute matière de règles empiriques repose toujours sur des conditions subjectives, qui ne lui donnent d’autre universalité, à l’égard des êtres raisonnables, qu’une universalité conditionnelle (c’est-à-dire que, dans le cas où je désirerais ceci ou cela, je devrais agir de telle ou telle manière pour me le procurer), et toutes ces règles rentrent dans le principe du bonheur personnel. Or il est sans doute incontestable que tout vouloir doit avoir un objet, par conséquent, une matière ; mais cette matière n’est pas par cela même le principe déterminant et la condition de la maxime, car dans ce cas cette maxime ne pourrait prendre la forme d’un principe de législation universelle, puisque l’attente de l’exis-