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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


avec les desseins que les autres rapportent également à eux-mêmes, mais qui est loin de suffire à fonder une loi, car les exceptions qu’on a le droit de faire à l’occasion sont en nombre infini, et ne peuvent être comprises d’une manière déterminée dans une règle universelle. On obtiendrait de cette manière une harmonie semblable à celle que nous montre certain poème satirique entre deux époux ayant la même tendance à se ruiner : O merveilleuse harmonie, ce qu’il veut, elle le veut aussi, ou semblable à celle qui régnait entre le roi François Ier et Charles V, lorsque le premier, prenant un engagement envers le second, disait : Ce que veut mon frère Charles (Milan), je le veux aussi. Des principes empiriques de détermination ne peuvent fonder une législation universelle extérieure, mais ils ne peuvent pas davantage en fonder une intérieure, car l’inclination ayant son fondement dans la nature de chacun, il y a autant d’inclinations différentes que de sujets différents, et, dans le même sujet, c’est tantôt l’une, tantôt l’autre, qui l’emporte. Il est absolument impossible de trouver une loi qui les gouvernerait toutes, en les mettant toutes d’accord.


$. 5.


Problème I.


Supposé que la simple forme législative des maximes soit le seul principe de détermination suffisant pour une volonté, trouver la nature de cette volonté, qui ne peut être déterminée que par ce principe.

Puisque la simple forme de la loi ne peut être re-