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PRÉFACE.


objections contre la critique, qui me soient parvenues jusqu’ici, roulent sur ces deux points : 1o la réalité objective des catégories, appliquées aux noumènes, niée dans la connaissance théorique, et affirmée dans la connaissance pratique ; 2o ce paradoxe, qu’on doit se considérer comme noumène, en tant que sujet de la liberté, mais qu’en même temps, relativement à la nature, dans la conscience empirique qu’on a de soi-même, on doit se considérer comme phénomène. En effet, tant qu’on n’avait pas de concepts déterminés de la moralité et de la liberté, on ne pouvait deviner, d’une part, quel est le noumène qu’on veut donner pour fondement aux prétendus phénomènes, et, d’autre part, s’il est possible même de s’en faire un concept, puisque jusque-là, dans l’usage théorique qu’on avait fait des concepts de l’entendement pur, on les avait appliqués exclusivement aux phénomènes. Or une critique complète de la raison pratique peut lever toutes ces difficultés, et mettre pleinement en lumière cette façon de penser conséquente, qui fait justement son principal avantage.

Cela explique assez pourquoi, dans cet ouvrage, nous avons soumis à un nouvel examen les concepts et les principes de la raison pure spéculative, qui avaient déjà subi leur critique particulière, et comment ce qui ne convient nullement ailleurs à la marche systématique d’une science qu’on veut constituer (les choses jugées pouvant bien être rappelées, mais ne devant pas être remises en question) était ici permis et même nécessaire. La raison en effet est considérée comme faisant