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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


par le fait même, sa réalité et celle de ses concepts, et il n’y a pas de sophisme qui puisse rendre douteuse la possibilité de son existence.

Avec cette faculté se trouve aussi désormais assurée la liberté transcendentale, et cela dans le sens absolu que lui donnait la raison spéculative, pour échapper à l’antinomie où elle tombe inévitablement, dans l’usage qu’elle fait du concept de la causalité, lorsque, dans la série de la liaison causale, elle veut concevoir l’inconditionnel, mais qu’elle ne pouvait établir que d’une manière problématique, comme quelque chose qu’il n’est pas impossible de concevoir, mais dont elle ne croyait pas pouvoir garantir la réalité objective, trop heureuse de se sauver elle-même et d’échapper à l’abîme du scepticisme, en montrant qu’il est au moins possible de concevoir ce dont on voudrait tourner contre elle la prétendue impossibilité.

Or le concept de la liberté, en tant que la réalité en est établie par une loi apodictique de la raison pratique, forme la clef de voûte de tout l’édifice du système de la raison pure, y compris même la spéculative, et tous les autres concepts (ceux de Dieu et de l’immortalité), qui, en tant que pures idées, sont sans appui dans celle-ci, se lient à ce concept, et reçoivent avec lui et par lui la consistance et la réalité objective qui leur manquaient, c’est-à-dire, que leur possibilité est prouvée par cela même que la liberté est réelle, et que cette idée est manifestée par la loi morale.

Mais aussi de toutes les idées de la raison spécula-