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FONDEMENTS


mination d’une tout autre espèce, que quand il se perçoit comme phénomène dans le monde sensible (ce qu’il est aussi en effet], et qu’il soumet sa causalité, quant à la détermination extérieure, aux lois de la nature. Or il remarque aussitôt que l’un et l’autre peuvent et doivent même aller ensemble. En effet, qu’une chose soit soumise à certaines lois, en tant que phénomène *[1] (en tant qu’appartenant au monde sensible), et qu’elle soit indépendante de ces mêmes lois, en tant que chose ou être en soi, il n’y a pas là la moindre contradiction ; et que l’homme doive se représenter et se concevoir de cette double manière, c’est ce qui se fonde, d’un côté, sur la conscience qu’il a de lui-même comme d’un objet affecté par des sens, et, de l’autre, sur la conscience qu’il a aussi de lui-même comme d’une intelligence, c’est-à-dire comme d’un être indépendant, dans l’emploi de sa raison, des impressions sensibles (et, par conséquent, appartenant au monde intelligible).

De là vient que l’homme s’attribue une volonté, qui ne souffre pas qu’on lui impute rien de ce qui vient des désirs ou des inclinations, et qui au contraire conçoit comme possibles, et même comme nécessaires, certaines actions, qui exigent le sacrifice de tous les désirs et de tous les attraits sensibles. La causalité de cette volonté réside en lui-même, considéré comme intelligence, et dans ces lois des effets et des actes qui ne sont autre chose que les principes d’un monde intelligible, dont il ne sait rien de plus sinon que la raison, la raison pure, la raison indépendante de la sensibilité, y donne seule-

  1. * Ding in der Erscheinung.