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FONDEMENTS


condition que deux connaissances soient liées entre elles par leur union avec une troisième où elles se rencontrent toutes les deux. Or le concept positif de la liberté fournit ce troisième terme, qui ne peut être ici, comme pour les causes physiques, la nature du monde sensible (dans le concept de laquelle se rencontrent le concept d’une chose considérée comme cause et celui d’une autre chose liée à la première comme effet). Mais quel est ce troisième terme auquel nous renvoie la liberté, et dont nous avons une idée a priori, nous ne pouvons le montrer encore, ni faire comprendre comment le concept de la liberté se déduit de la raison pure pratique, et en même temps aussi comment est possible un impératif catégorique : nous avons encore besoin pour cela de quelque préparation.


La liberté doit être supposée comme propriété de la volonté de tout être raisonnable.


Il ne suffit pas d’attribuer la liberté à notre volonté, par quelque raison que ce soit, si nous n’avons pas une raison suffisante de l’attribuer aussi à tous les êtres raisonnables. En effet, comme la moralité n’est une loi pour nous qu’autant que nous sommes des êtres raisonnables, elle doit aussi avoir la même valeur pour tous les êtres raisonnables ; et, comme elle doit être uniquement dérivée de la propriété de la liberté, il faut prouver aussi que la liberté est la propriété de la volonté de tous les êtres raisonnables. Il ne suffirait pas de la déduire de quelques expériences, qu’on prétendrait avoir faites sur la nature humaine (ce qui d’ail-