Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ceux de toutes les autres marines. Aussi ne faut-il pas s’étonner si de brillants succès sont venus récompenser cette politique avisée.

En raison de la guerre, le nombre des volontaires a été doublé cette année, et nous voyons mille recrues évoluer devant nous sur la grande pelouse verte qui s’étend derrière le quartier. Pendant les six premiers mois, ils resteront à terre. Sauf les mécaniciens, mis à part dès le début, aucune instruction spéciale n’est donnée ; on se contente de dégrossir les conscrits en leur enseignant les nombreux services auxquels un matelot peut être affecté. Nous en voyons grimper aux cordages comme de petits gabiers. D’autres manœuvrent le canon ou apprennent le maniement d’arme. Ceux-ci travaillent sur des enclumes, ceux-là font l’école de chauffe en enfournant dans des cuves des pelletées de cailloux ronds.

Notre deuxième étape nous conduit à la grande cale sèche, l’orgueil de l’arsenal de Kouré. Là peuvent prendre place les plus grands cuirassés du Japon et par conséquent du monde, car les petits Nippons se sont offert le luxe de faire construire les deux navires du plus fort tonnage actuellement sur les eaux. Les plus gros vaisseaux anglais jaugent quinze mille tonnes, tandis que l’Asahi et le Mikasa atteignent quinze mille deux cents. Actuellement, le Gouver-