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au 1er décembre et cinq cents engagés au 1er juin. Comme le service actif dure quatre ans, il faut compter un effectif de seize mille hommes de troupe, que vient augmenter un nombre assez important de rengagés. En temps de guerre, avec ses réserves, le Japon peut disposer de trente-cinq mille marins environ. On ne peut s’empêcher de comparer ce chiffre aux cinquante-trois mille matelots que nous mettrions péniblement en ligne pour un tonnage presque cinq fois supérieur. C’est dans cette déplorable économie d’hommes qu’il faut chercher le secret de la difficulté qu’on éprouve à compléter l’équipage chaque fois qu’un de nos navires de guerre reçoit l’ordre d’appareiller. De sorte que nous possédons sur le papier une flotte considérable, mais qu’il est impossible de l’armer d’une manière satisfaisante. Il est certain qu’en cas de guerre nos vaisseaux ne pourraient compter que sur un personnel insuffisant, incapable d’en tirer parti ; mais le chiffre du tonnage maintient une apparence trompeuse et sauve la face. Et c’est tout ce que demande le ministre.

Le Gouvernement du Mikado, au contraire, se soucie peu de contenter l’opinion publique. Il a travaillé tranquillement et donné à son pays une flotte excellente de bâtiments modernes, dont les équipages sont proportionnellement supérieurs en nombre